Source : http://www.votre-genealogie.com n° 77 de février mars avril 2017 – pages 48 & 49Auteure : Sabine ROELANDT
A l’occasion de son mariage avec Marie-Louise d’Autriche en 1810, Napoléon 1er décide de doter des jeunes filles de tous les cantons de France par leur mariage avec des militaires en retraite.

En échappant de justesse à un attentat, le 12 octobre 1809, devant le château de Schönbrunn, Napoléon 1er ressent le besoin d’avoir un fils. Son épouse Joséphine ne pouvant lui en donner, il fait prononcer le sentais-consulte du 16 décembre 1809 sur la dissolution de son mariage civil en invoquant le motif du consentement mutuel, introduit dans le code civil en 1804. Quelques jours plus tard, la nullité du mariage religieux est conclue et est confirmée par l’officialité métropolitaine le 11 janvier.Le choix de la fiancée pour lui donner un héritier s’arrête sur l’archiduchesse Marie-Louise, la fille de l’empereur d’Autriche, que Napoléon 1er venait de battre et la petite-nièce de Marie-Antoinette.Les préparatifs du mariage sont expédiés en quelques jours. Le 11 mars 1810, un mariage religieux est d’abord conclu par procuration, dans l’église des Augustins à Vienne. Le 1er avril, le mariage civil est célébré au Palais de Saint-Cloud dans la Grande Galerie en présence de la Cour et de la famille impériale. Le lendemain, se déroule la bénédiction nuptiale, dans le Salon carré du Louvre transformé pour l’occasion en chapelle par l’architecte Pierre-François-Léonard FONTAINE, dispensée par l’oncle de l’empereur, le cardinal FESCH.Mais l’opinion publique désapprouve cette alliance et cette « Autrichienne » qui évoque la Révolution. Aussi, l’empereur décide de marquer l’événement de son mariage dans tout le pays par des actes de bienfaisance et d’indulgence. Il prend en effet un décret en date du 25 mars 1810 dans lequel sont inscrits ceux-ci.
CONTENU DU DÉCRET DU 25 MARS 1810
Parmi les actes de bienfaisance et d’indulgence, Napoléon décide la mise en liberté des individus condamnés correctionnelle ment qui ne sont plus détenus que pour le paiement de l’amende et des frais ; la possibilité d’élargissement pour les individus emprisonnés pour dette fiscale, la suppression des dettes envers le bureau des nourrices de la ville de Paris et du département de la Seine depuis le 9 octobre 1799 jusqu’au premier trimestre de l’année 1810 ainsi qu’une large amnistie en faveur des déserteurs.Il décrète également dans le Titre IV du décret intitulé « Du Mariage de six mille Militaires », que six mille soldats en retraite des campagnes révolutionnaires ou napoléoniennes « ayant fait au moins une campagne seront mariés le 22 avril de la même année avec des filles de leurs communes, auxquelles il sera accordé une dot de douze cents francs pour Paris, et de six cents francs dans le reste de l’Empire ». Ces mariés seront appelés les « Mariés de l’empereur ».
LE CHOIX DES MARIÉS
Selon l’importance de la ville, les mariés étaient choisis par délibération du conseil général faisant fonction de conseil municipal (pour Paris), du conseil municipal approuvé par préfet (pour les villes chefs-lieux de département) ou sous-préfet (pour les villes qui ne sont pas chefs-lieux de département) par une commission composée de deux maires et deux curés désignés par le sous-préfet et le juge de paix(pour les justices de paix).Les communes qui ne sont pas comprises dans les articles cités dans le décret, pouvaient, sur la délibération du conseil municipal, approuvée par le sous-préfet, marier un militaire et une fille de la commune, en se conformant, pour le choix et pour la quotité de la dot, aux dispositions prises dans le décret.
LE CHOIX DE L’ÉPOUX
La commission établit une liste des militaires qui ont mené au moins une campagne et ont eu un comportement irréprochable. Elle vérifie les droits, pièces de service, congé de retraite, appartenance à la commune. Les militaires qui ont eu des états de services brillants et ceux qui ont été blessés au combat étaient privilégiés.
LE CHOIX DE L’ÉPOUSE
La commission établit une liste de filles non mariées, préférablement, mais non nécessairement, d’anciennes noblesses, orphelines ou jouissantes d’une rente de plus de 50.000 francs, et surtout de la « meilleure réputation ».
LES NOCES
Afin que la nation toute entière adhère à cette harmonie, mais aussi à son régime, l’empereur a mis en place une juste répartition des mariages dans l’ensemble du territoire de l’Empire français en fonction de la population. Comme le nombre était limité à six mille, des quotas géographiques ont été établis, ainsi : soixante mariages sont prévus pour Paris, six dans chacune des 51 plus grandes villes de l’emirs, soit 510 mariages ; 5 dans chacune des cinquante-quatre suivantes soit 270 mariages et 2 dans chacune des cinq cent cinquante villes de population plus réduite soit 1110 mariages. Enfin, chacune des 3832 justices de paix doit désigner un couple. S’y ajoutent les mariages prévus au sein d’autres communes par l’alinéa 7 du décret.Les cérémonies sont prévues pour le dimanche 22 avril 1810 ou dans les jours qui suivent. Dans la réalité, elles ont parfois eu lieu dans certaines communes jusqu’à plusieurs semaines plus tard foire pour certaines plusieurs mois plus tard. En cause, les lenteurs de communication et les difficultés d’organisation.
BASE DE DONNÉES NAPOLÉON-MARIAGES
Philippe BEAUVILLIER passionné d’histoire et généalogie a décidé de répertorier les mariages liés au décret du 25 mars 1810 sur toute la France dans une base de données. Elle est mise gratuitement à disposition en ligne sur internet sur le site de FranceGenWeb qui est géré par des bénévoles. La base n’est pas exhaustive elle comporte à ce jour 1800 mariages soit un peu plus de 30% des mariages qui ont été célébrés. Reste donc 4200 mariages à trouver. Pour rechercher un mariage dans la base, il suffit d’indiquer dans le moteur de recherche un patronyme ou un lieu. Selon le nombre de résultats trouvé, vous pouvez limiter la recherche géographique en cliquant sur le département voulu (grâce à une carte ou un menu déroulant). S’ouvre alors une liste de tous les mariages relevés pour celui-ci. En cliquant sur le nom qui vous intéresse, une fiche s’ouvre avec tous les renseignements recueillis.Sur le site est également disponible la liste de toutes le villes choisies.Base de données Napoléon-Mariages : www.francegenweb.org/napmargenweb/accueil.php
ndlr
Deux mariages trouvés lors de mes recherches généalogiques :
– le 23/04/1810 à Audun-le-Roman (54), mariage de Jean Baptiste PERBAL et de Anne Thérèse MESSIN
– le 29/04/1810 à Longuyon (54), mariage de Charles GROSJEAN et de Catherine DESAGA